Le prêt de fête : « un paradoxe » de crédit bancaire dans l’UEMOA

Auteurs

  • Hamidou SAWADOGO

Mots-clés :

crédit bancaire, spread de taux, solvabilité, rentabilité, risque, bank loans, spread of rates, solvency, profitability, risk

Résumé

Cet article analyse le prêt de fête, « un paradoxe » de crédit bancaire dans l’UEMOA. La baisse des taux d’intérêt débiteurs par rapport aux décennies de 2000 et 2010 a réduit le spread de taux et donc le profit des banquiers. Ceux-ci compensèrent cela par l’octroi de davantage de crédits. Or, vendre davantage de crédit implique de s’adresser à des clients disposant de moindres garanties ou d’augmenter le volume de crédit de ceux qui sont déjà endetté dont un des produits serait le « prêt de fête ». Le présent travail pose la question de savoir si les innovations financières récentes de type prêt de fête dans l’espace UEMOA ne sont pas contraires à l’esprit du processus schumpetérien de destruction créatrice. L’objectif de cet article est de montrer que le « prêt de fête » désert l’économie et peut même être contraire à l’éthique du crédit bancaire. Une analyse qualitative a permis d’établir que les banques sont rivées de leurs intérêts égoïstes et, à court terme poursuivent donc une certaine rentabilité en octroyant des crédits dans le sens nécessairement de se faire rembourser. Les projets et objets de crédit ne sont pas forcement, ceux qui méritent un financement dans une économie en développement. Il appartient alors à une instance tierce (BCEAO) de tenter d’évaluer l’effet macroéconomique des comportements microéconomiques pour éviter un processus cumulatif comme une formation de bulle à terme.

Abstract
This article analyses bank loans for celebration, which is a « bank loan paradox » in the West African Economic and Monetary Union (WAEMU) zone. The decrease in the debit interest rate, when compared to the 2000-2010 period, has reduced the spread of rates and therefore the profit of bankers. To compensate for this rate fall, bankers offer more loans. However, to offer more loans means taking more risks since this implies going to customers that have less and less bank guarantee. It may also mean increasing the volume of loans to those customers who are already indebted, and are also interested in a bank loan for celebration. My current article raises this question: aren’t the latest financial innovations such as bank loans for celebration in the WAEMU zone opposed to the Schumpeterian idea of creative destruction? The objective of this article is to show that bank loans for celebrations drive money away from the economy and are even contrary to the ethics of bank loans. A qualitative analysis has enabled me to show that banks are focused on their selfish interests and, that in the short term they pursue a sort of profitability by granting loans in the view to getting reimbursed. The projects being financed are not necessarily those that deserve financing in a growing economy. It is now up to a third party like the BCEAO central bank to try to weight the macro-economic effects of these microeconomic behaviours so as to avoid a cumulative process that may lead to a financial bubble.

Biographie de l'auteur

Hamidou SAWADOGO

Université Ouaga 1, Pr Joseph KI-ZERBO/IBAM

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Publiée

2023-01-25

Numéro

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